L’intoxication des poissons dues à la pollution ambiante dans l’aquarium

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Intoxication des poissons d'aquarium-min

L’eau est un élément essentiel de l’aquarium.

De sa qualité dépend le bien être de nos poissons mais également des problèmes éventuels

Il existe une gamme très étendue de pathologies dues à la pollution du milieu, pathologies faciles à éviter à condition d’organiser un écosystème d’aquarium équilibré.

Aussi, je crois qu’il est indispensable de comprendre le rôle et donc les dangers de chaque composant chimique et physique de l’eau pour assurer le bien-être des habitants de nos aquariums.

Contenu

Le gaz carbonique

Le gaz carbonique ou Co2 est présent naturellement dans l’eau de l’aquarium.

Il est produit par la respiration des poissons, les processus de décomposition des déchets se trouvant sur le fond et les plantes avec l’arrêt de la photosynthèse chlorophyllienne (la nuit).

Toutefois, si il y a surdose, cette même substance devient toxique.

L’augmentation du gaz carbonique 

Les causes:

– Manque d’éclairage.

– Surpopulation.

– Beaucoup de matières organiques en décomposition sur le fond (excréments, végétaux).

– Nombreuses plantes.

– Introduction de CO2 la nuit dans un but fertilisant (par erreur).

Les conséquences :

– Natation saccadée des poissons.

– Respiration difficile.

– Déplacement en position oblique.

– Immobilisation sur le fond, appuyé sur le côté.

La thérapie

– Un changement rapide partiel ou total de l’eau afin de rétablir des conditions de respiration normales.

– Rechercher la cause réelle du problème afin de l’éliminer.

L’azote et ses dérivés

La reproduction en « modèle réduit » de la nature dans le milieu fermé de l’aquarium est appelé écosystème fermé.

Ainsi, le cycle de l’azote est identique ou presque à celui de la nature.

L’azote est éliminé par les poissons (respiration branchiale et urine) mais aussi par les plantes sous forme d’ammoniaque (très toxique), d’urée (chez certaines espèces) et d’ions ammonium.

En présence d’oxygène, les nitrobactéries transforment ces substances tout d’abord en nitrites (très toxiques) puis en nitrates (Ces derniers sont peu toxiques pour les poissons, mais le demeurent pour les invertébrés).

Les bactéries anaérobies qui agissent en milieu dépourvu d’oxygène, transforment ces nitrates en azote.

Un déséquilibre de l’écosystème entraînera une présence excessive d’ammoniaque, d’ions ammonium et donc à une production massive de nitrites (pic) et nitrates à des taux tels qu’ils provoqueront la mort des poissons.

Des concentrations d’ammoniaque de 0,1 partie/million sont toxiques, voire létale, pour tous les poissons.

Intoxication due aux dérivés de l’azote

Les causes :

– Poissons et plantes en surnombre.

– Accumulation de déchets d’origine animale et/ou végétale (nourriture y compris).

– Filtre encrassé.

– Filtration insuffisante.

Les conséquences :

– Variation de la livrée (couleurs pâles).

– Perte de l’appétit.

– Amaigrissement.

– Frottement des branchies (collées par l’ammoniaque).

– Difficultés respiratoires (surface réduite pour respirer provoqué par l’ammoniaque – empoisonnement du sang par les nitrites qui se fixent dans les globules rouges à la place de l’oxygène).

– Tendance à remonter vers la surface.

– Natation difficile.

– Hémorragies.

– Immobilité sur le fond (stade final avant la mort du poisson).

Certains de ces symptômes sont regroupés sous des pathologies infectieuses définies comme maladies des faibles, maladie du velours et dermites protozoaires.

La thérapie 

– Similaire à celle décrite en cas de carence d’oxygène.

– Pour baisser les nitrites.

L’oxygène

conséquences manque oxygene aquarium-min

L’oxygène ou O2 est un gaz nécessaire à la vie de toute espèce animale vivante (poissons, nitrobactéries colonisant les masses filtrantes et les matériaux du fond, les plantes).

Par conséquent l’oxygène joue un rôle primordial : il convient pour l’aquariophile d’assurer, dans la plupart des cas, une oxygénation maximale de l’aquarium par un système de diffuseur d’air ou grâce à la photosynthèse des plantes qui sont productrices d’oxygène en présence de lumière.

L’oxygène produit par les plantes est dissout d’emblée dans l’eau alors que l’oxygène apporté par aérateur est encore  » à dissoudre  » dans l’eau avec la quantité d’oxygène perdue que cela suppose.

La diminution de l’oxygène

Les causes :

– Un brassage insuffisant des différentes couches d’eau dans l’aquarium : pompe à eau/air inadaptée au volume d’eau de l’aquarium, filtre de la pompe ou bulleur encrassés).

– La surface de contact air-eau trop petite (par rapport au volume d’eau de l’aquarium) pour favoriser les échanges gazeux (exemple type du bocal pour poissons rouges).

– Une surpopulation de l’aquarium (poissons et plantes).

– Une quantité excessive de déchets organiques (excréments et végétaux en décomposition).

– Une brusque augmentation de la température de l’eau (raréfaction de l’oxygène dissout dans l’eau).

Les conséquences :

– Tous les poissons viennent piper l’air en surface.

– Agitation des poissons.

– Opercules grands ouverts.

– Branchies de couleur claire ou bleuâtre.

La thérapie

– Un changement rapide partiel ou total de l’eau afin de rétablir des conditions de respiration normales.

– Rechercher la cause réelle du problème afin de l’éliminer.

Le soufre et ses dérivés

Le soufre, présent dans les déchets animaux et végétaux, est transformé en acide sulfhydrique (hautement toxique) par les bactéries anaérobies en milieu dépourvu d’oxygène.

Cet acide est transformé lui-même en sulfates en milieu oxygéné.

Intoxication due aux dérivés du soufre

Les causes :

– Accumulation de déchets d’origine animale et/ou végétale.

Les conséquences :

– Difficultés respiratoires.

– Branchies de couleur bleuâtre ou violette.

– Natation saccadée vers la surface puis vers le fond.

– Perte de l’équilibre (les poissons semblent saouls).

La thérapie :

– Changer l’eau (partiellement) pour éliminer l’acide sulfhydrique.

– Retirer tous les déchets organiques.

Le chlore

Le chlore est présent dans l’eau du robinet.

Si la concentration de 0,1 partie/million peut être nocive pour nos poissons d’aquarium, 0,5 partie/million provoque la mort certaine des tous les poissons d’ornement.

Voilà pourquoi il est important de déchlorer l’eau du robinet avant de l’utiliser pour nos changements d’eau.

Intoxication due au chlore

Les conséquences :

– difficultés respiratoires.

– Perte de l’équilibre.

– Branchies pâles.

– Opacité de la peau, apparition d’érosion avec hypersécrétion de mucus.

La thérapie :

– Laisser s’évaporer le chlore dans un grand récipient pendant une durée de 12 à 24 heures.

– Effectuée un changement partiel de l’eau de l’aquarium avec de l’eau déchlorée.

Les insecticides

L’été arrivant de nombreux insectes (rampants et volants) envahissent nos maisons.

Aussi avons-nous vite fait de prendre la bombe aérosol afin de nous en débarrasser.

L’insecticide se mélange très bien à l’eau de l’aquarium et la pollue mortellement.

Voici donc quelques précautions à prendre avant d’utiliser les bombes insecticides :

Prévention :

– Débrancher les aérateurs.

– Diminuer légèrement le niveau de l’eau de l’aquarium.

– Recouvrir avec une feuille plastique l’aquarium afin d’empêcher les produits toxiques de se mélanger à l’eau.

– Après environ 4 heures, aérer correctement la pièce, enlever le plastique et remettre en fonction les aérateurs.

Intoxication due aux insecticides 

Les conséquences :

– Natation saccadée et circulaire.

– Convulsions.

– Mort du poisson.

La thérapie :

– Bain de solution d’atropine sulfate.

Le cuivre

Le cuivre est parfois présent dans l’eau du robinet (canalisation en cuivre), dans les traitements (exemple des thérapies contre les protozoaires si le dosage est mal calculé) et les alguicides.

Des doses de cuivre de 0,2 partie/million dans l’eau douce et 0,3 partie/million dans l’eau de mer peuvent être toxiques pour nos poissons.

Intoxication due au cuivre 

Les conséquences :

– Manifestations d’origine nerveuse.

– Intensification de la couleur de la livrée (les chromatophores sont les plus concernés).

– Natation saccadée alternée avec une immobilité sur le fond.

– Ascite.

– Soulèvement des écailles.

La thérapie 

– Effectuer rapidement un changement d’eau d’au moins un tiers.

La nicotine

La nicotine se mélange facilement à l’eau. Les poissons d’un aquarium situé à l’intérieur d’une pièce ou plusieurs personnes fument, meurent rapidement.

Des concentrations de 10 parties/million arrivent à tuer un Guppy en quelques minutes.

Des doses moins concentrées peuvent entraîner des problèmes de reproduction et la naissance d’alevins non viables ou mal formés.

Intoxication par la nicotine 

Les conséquences :

– Spasmes musculaires.

– Natation irrégulière avec les nageoires aplaties contre le corps.

– Livrée décolorée.

La thérapie :

– Changement d’eau.

La prévention sera meilleure que n’importe quelle thérapie.

Les désinfectants

Des désinfectants à base de phénol ou de permanganate de potassium peuvent provoquer des phénomènes d’intoxication.

On trouve aussi ces substances dans certaines matières végétales recueillies dans la nature, utilisées pour décors sans avoir été préalablement bouillies (racine).

Des concentrations de 5 parties/million sont mortelles.

Intoxication due aux désinfectants

Les conséquences :

– Corrosion des branchies, de la peau.

– Respiration accélérée.

– Contractions musculaires.

La thérapie :

– Tenter des bains dans une solution aqueuse de Bleu de méthylène à 1% à la dose de 20 gouttes/10 litres d’eau.

– Les poissons intoxiqués au permanganate de potassium (décoloration des branchies) seront rapidement et abondamment rincés à l’eau claire, sans aucune matière toxique.

Conclusion

Toutes les pathologies dont je viens de vous parler peuvent donc être évitées avec de l’attention, de l’entretien mais surtout un écosystème d’aquarium équilibré.

Pour résumé, je dirais encore qu’il faut mettre en place un aquarium avec :

  • Une population constituée d’espèces compatibles tant sur les caractéristiques chimiques et physiques de l’eau que sur les exigences alimentaires (éviter de faire cohabiter les prédateurs et les proies).
  • Eviter la surpopulation animale et végétale.
  • Effectuer l’entretien hebdomadaire, mensuel et annuel des aquariums.
  • Varier l’alimentation en évitant la suralimentation.
  • Installer des éléments de filtration/aération efficaces, adaptés au volume d’eau de votre aquarium
  • Une GROSSE DOSE DE PATIENCE, qui reste le maître mot de l’aquariophilie.

Le monde aquatique est un monde fascinant, tant par la diversité des espèces, leurs couleurs et comportements, que par la difficulté à réaliser et maintenir un écosystème stable.

Je ne souhaite pas décourager les débutants mais juste attirer leur attention sur les points cruciaux de l’aquariophilie et ce afin de leurs éviter bien des déboires (que j’ai rencontré moi aussi).

En effet nombres de maladies sont dues à des erreurs commises plus par ignorance que par bêtise.

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