L’anatomie externe et interne d’un poisson

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Si les poissons de nos rivières et de nos lacs sont, à bien des égards, des vertébrés inférieurs, ce sont des êtres étroitement adaptés à la vie aquatique. Cette spécialisation nous est révélée, en particulier, par leur forme, leurs nageoires, leur peau le plus souvent écailleuse, leur système respiratoire et certains de leurs organes des sens. Je vous fais part d’un condenser de l’anatomie du poisson.
Source: aquabase.org
L'anatomie externe et interne d’un poisson

Contenu

Introduction

Qui peut se vanter de comprendre les actes des poissons? Beaucoup d’aquariophiles expérimentés connaissent fort bien leurs habitudes.

Mais connaître n’est pas synonyme de comprendre. Il faut faire un sérieux effort pour se représenter à quel point un animal aquatique comme le poisson s’écarte de nous, non seulement parce que c’est un «vertébré inférieur», mais encore parce qu’il est lui-même hautement spécialiser dans une direction toute différente de la nôtre.

L’opposition est parfois si flagrante entre les poissons et nous (quant à l’anatomie par exemple) qu’il est impossible de leur attribuer à bon escient nos impressions, nos mobiles et, à plus forte raison, des intentions comparables aux nôtres ou une intelligence équivalente à celle de l’homme le plus borné.

Petit aperçut externe d’un poisson

Petit aperçut externe d’un poisson

1-  narines
2-  nageoire dorsale épineuse
3-  nageoire dorsale molle
4-  Présence possible de nageoire adipeuse
5-  nageoire caudale
6-  présence possible de barbillons
7-  Fente branchiale
8-  nageoire pelvienne
9-  nageoire pectorale
10- orifice anal et urogénital
11- nageoire anale
12- ligne latérale
13- pour certaines espèces

Généralité – classement en 3 grandes catégories

Les poissons osseux: Leur classe est la plus importante et la plus diversifiée des poissons. On peut les rencontrer aussi bien en eau douce qu’en eau de mer.

Les poissons cartilagineux: Les requins et les raies font partie de cette espèce. Ils sont constitués de cartilage souple mais solide.

Les poissons sans mâchoires (agnathe) : Au lieu de mâchoire, ces poissons ont une ventouse munie de petites dents pointues.

Le squelette d’un poisson

Prenons comme exemple le squelette d’un poisson (brème bordelière) et comparez avec un squelette humain. L’analogie vient surtout de la présence de la colonne vertébrale à laquelle la tête est rattachée et qui forme l’axe du corps.

Mais chez le poisson, les vertèbres sont peu spécialisées, très semblables les unes aux autres. Chacune porte, dans la région caudale, une apophyse dorsale et une épine ventrale, le tout marquant nettement le plan médian du corps.

Rappelons en passant qu’il ne faut pas confondre ces pièces du squelette avec les arêtes, baguettes fibreuses élastiques, plus ou moins calcifiées, fourchues, souvent dangereusement acérées, qui sont noyées entre les masses musculaires.

Le squelette d'un poisson

Considérez ensuite la tête osseuse. Vous n’y trouverez que l’équivalent lointain du crâne et de la face de l’homme.

Le crâne du poisson est, en effet, formé d’une série nombreuse de pièces osseuses imbriquées, auxquelles sont fixés les os de la mâchoire (qui ne correspondent pas aux nôtres) et l’appareil qui supporte les branchies et la langue, réduit chez nous à l’os hyoïde.

Nous n’avons rien d’équivalent aux plaques osseuses qui constituent les joues des poissons, si l’on peut dire, et qui sont les os operculaires.

En réalité, ces joues correspondent plutôt, topographiquement, à notre thorax, puisqu’elles couvrent l’appareil respiratoire et qu’elles sont au niveau du coeur.

Remarquez ensuite comment les nageoires sont implantées: la dorsale, par exemple, dont on voit fort bien les lamelles osseuses sur lesquelles les rayons s’articulent. Les nageoires impaires, soutenues par des rayons, qui peuvent être rigides ou articulés et souples, sont des organes tout à fait caractéristiques des poissons.

Les nageoires paires, au contraire, sont comparables à nos membres. Mais quelle différence de fonctionnement et de dispositions! Le squelette des pectorales est inséré sous les os operculaires et rattaché directement au crâne.

En effet, les poissons n’ayant pas de cou, leur ceinture scapulaire est soudée au crâne. Le squelette des nageoires abdominales, en revanche, n’est fixé à rien, il est simplement noyé dans la musculature.

Je rappelle que chez les vertébrés supérieurs les pattes postérieures – homologues des nageoires abdominales – sont rattachées à la colonne vertébrale par le bassin.

Considérez encore le squelette de la cavité abdominale (où subsiste dans notre figure la vessie natatoire formée de deux lobes).

Il est formé par des côtes arquées comme les nôtres, mais libres en bas, puisqu’il n’y a pas de sternum.

D’ailleurs, notez-le, ces côtes protègent le ventre du poisson qui n’a pas de poitrine.

Le systeme musculaire d’un poisson

Les muscles du corps du poisson sont sur les côtés, le long du tronc et de la queue. La plus grande masse musculaire court le long du dos, de chaque côté de la moelle épinière.

Des petits muscles commandent les mouvements de la bouche, des branchies, des nageoires et des yeux. Certains poissons se propulsent par l’action de leurs nageoires, sans beaucoup de mouvements du corps.

Le systeme musculaire d'un poisson

Les muscles d’un poisson sont ordonnés en séries simples, emboîtées les unes dans les autres comme des cornets à sorbets.

Cet emboîtement se remarque fort bien dans les conserves de thon ou de saumon. Leur jeu est peu compliqué. Il s’agit surtout de contractions alternatives à gauche et à droite, qui sont naturellement commandées par le système nerveux.

A part les grosses masses musculaires, on observera les petits muscles insérés sur les baguettes osseuses qui supportent les nageoires; ils provoquent le redressement, l’écartement ou encore les mouvements souples et complexes, plus ou moins hélicoïdaux, des pectorales, par exemple.

Naturellement, des muscles relativement compliqués permettent les mouvements des mâchoires, le jeu de l’appareil respiratoire, le déplacement des yeux dans les orbites…

La respiration d’un poisson

Le poisson avale l’eau. Les branchies captent l’oxygène qu’il y a dans l’eau et l’envoie vers le sang et les poumons.

L’eau traverse ensuite les branchies et ressort. Pour respirer le poisson va fermer alternativement sa bouche et ses opercules.

Le courant d’eau ainsi produit va irriguer ses branchies. Le sang fixe l’oxygène à travers la fine paroi des branchies et libère le gaz carbonique.

Tandis que nous sommes incapables de respirer dans l’eau, la grande majorité des poissons meurent à l’air en quelques minutes, certains même ne se remettent pas des suites d’une émersion de quelques secondes, leurs branchies ne supportant pas l’assèchement.

Les branchies sont, en effet, des organes respiratoires adaptés aux échanges dans l’eau. Celles des poissons sont formées de lamelles serrées, portées par quatre arcs branchiaux et protégées par les opercules.

Elles sont constamment baignées dans un courant d’eau entrant par la bouche et ressortant par les fentes qui s’ouvrent en arrière des opercules, les ouïes.

En écartant largement les opercules, on constate qu’aucun obstacle ne s’oppose au passage de l’eau entre les arcs branchiaux.

Pourtant chez beaucoup d’espèces, ces arcs portent à l’opposé des branchies, vers l’intérieur donc, des aspérités, les branchiospines, souvent hérissées de denticules, dont l’ensemble constitue un véritable treillage et peut fonctionner comme un filtre.

La respiration d'un poisson

Le courant respiratoire résulte de mouvements assez complexes de la bouche et de l’appareil operculaire, dont l’action est assimilable à celle d’une pompe aspirante et foulante.

C’est sur des alevins à l’éclosion qu’il faut observer ces mouvements. On voit alors par transparence le jeu de tout l’appareil comme par une radioscopie.

En même temps, on peut regarder battre le coeur et voir s’écouler le sang dans les vaisseaux qui alimentent les lamelles branchiales.

La bouche s’ouvre et la cavité buccale se dilate pour l’aspiration, tandis que les opercules sont intimement appliqués grâce à la membrane qui les borde. L’eau est ensuite chassée vers l’arrière par compression.

A ce moment, les opercules s’écartent et la bouche se ferme. Le reflux de l’eau est empêché par les replis à l’intérieur des mâchoires, dans un plan horizontal. Les membranes qui font l’office de valve.

L’eau ne fait donc pas un aller et retour comme l’air dans nos poumons. Pourtant, le poisson, de temps en temps, rejette par la bouche des particules, qu’il crache en somme par des mouvements brusques et un peu spasmodiques.

L’air atmosphérique contient environ 200 cc. d’oxygène par litre. L’eau est saturée d’oxygène pour 9 cc. seulement à 5 degrés et pour 5 cc. environ à 30 degrés.

Au-delà de ces teneurs, l’oxygène de l’eau s’échappe en bulles qui viennent crever à la surface. C’est ce qu’on peut observer dans un aquarium bien planté, quand il est exposé à une lumière assez vive.

Les organes respiratoires des êtres aquatiques sont adaptés à ces faibles teneurs d’oxygène; d’ailleurs certains animaux, comme la plupart des salmonidés, ont des exigences plus grandes et ne subsistent qu’en eau bien oxygénée, c’est pourquoi ce sont surtout des poissons d’eau froide ou courante.

Beaucoup de cyprinidés, au contraire, se contentent de peu d’oxygène et se plaisent même dans l’eau tiède des étangs. Pourtant leur tolérance a des limites: en été et par temps d’orage, de nuit surtout, l’oxygène peut se raréfier à tel point, quand les plantes cessent d’en produire, qu’on assiste dans les étangs trop prospères à des scènes impressionnantes d’asphyxie collective.

Dans ces cas, un apport d’eau fraîche (quand c’est possible!) est urgent.

La circulation sanguine d’un poisson

L’étude de la circulation sanguine vient tout naturellement après celle de la respiration, car c’est le sang qui transporte partout, avec les substances nutritives, l’oxygène nécessaire à la vie des cellules, emportant les déchets qui doivent être éliminés, en particulier le gaz carbonique, qui est rejeté par les branchies.

Le système circulatoire, comme chez nous, comprend un coeur, des artères, des capillaires, des veines, des vaisseaux lymphatiques. Dans ces derniers ne circule que le liquide sanguin privé de ses globules rouges.

La circulation sanguine d'un poisson

Le coeur est très simple comme le montre l’observation d’un alevin à la loupe. C’est un canal coudé formé d’une succession de loges qui se dilatent et se contractent rythmiquement.

Le sang provenant du corps arrive par un court collecteur transversal, le canal de Cuvier, dans le sinus cardiaque.

Il s’écoule de là dans l’oreillette qui, en se contractant, l’envoie dans la loge suivante, le ventricule. Celui-ci est très musclé, il se contracte à son tour, expédiant le liquide dans le canal de sortie, dont l’origine est évasée et constitue le cône artériel.

Le cône artériel n’appartient déjà plus au coeur, mais il se dilate et se contracte aussi à chaque pulsation.

Des valves empêchent le sang de refluer, le courant s’établit donc en direction des arcs branchiaux par le tronc aortique.

Ce vaisseau se subdivise presque aussitôt en quatre paires d’artères branchiales, qui se résolvent en capillaires dans les branchies.

Au sortir des branchies, le sang est oxygéné, il arrive dans les deux racines aortiques, qui se réunissent pour former l’aorte dorsale, par laquelle le sang est conduit au corps et aux divers organes.

Les racines aortiques émettent vers l’avant des artères céphaliques qui irriguent la tête.

La circulation sanguine d'un poisson

On sait que l’oxygène indispensablement à la vie des cellules dans tout le corps est transporté, chez les vertébrés, par les globules rouges du sang.

Les globules rouges des poissons sont plus faciles à observer que ceux de l’homme, parce qu’ils sont plus grands.

Avec un microscope moyen, on les reconnaît aisément comme des cellules ovales pourvues d’un noyau. Ceux de la carpe, par exemple, mesurent 12 x 9 microns (millièmes de millimètre), ceux de la truite 15 x 11, tandis que nos globules arrondis ne dépassent pas 7 microns.

Chez les poissons, c’est la rate qui est le siège de la formation des cellules sanguines, elle est souvent très dilatée chez les individus malades. La rate, comme chez nous, est un organe de la circulation sanguine.

En résumé:
1-Le coeur pompe le sang vers les branchies.
2-Le sang est aéré dans les branchies.
3-Le sang artériel est diffusé dans les capillaires où se situe le transfert de l’oxygène et des aliments aux tissus environnants.
4-Les éléments nutritifs provenant des aliments ingérés sont absorbés au travers des intestins, ensuite transportés vers le foie et plus tard diffusés dans le sang à travers tout le corps.
5-Dans les reins, le sang est purifié et les déchets sont rejetés par l’urine.

Après avoir été aéré dans les branchies, le sang artériel est collecté dans l’aorte dorsale qui va juste en dessous de la colonne vertébrale et est véhiculé vers les différents tissus par les capillaires.

Le sang veineux revient au coeur, coulant dans les veines de plus en plus larges. Les veines se rassemblent toutes dans un seul vaisseau sanguin avant d’arriver au coeur.

La circulation sanguine d'un poisson

La nutrition d’un poisson

Nous décrirons succinctement comme organes de la nutrition: la bouche, le tube digestif, le foie et le pancréas.

La bouche

Sa position au bout du museau varie quelque peu. Elle peut être terminale, ou en position inférieure, parfois même dirigée vers le haut.

La bouche poisson

1-Prédateur.

2-Non prédateur .

3-Mangeur en surface .

4-Mangeur d’algue .

5-Poisson de fond .

Sa situation est en relation avec le genre de vie. On peut présumer qu’un poisson dont la bouche s’ouvre vers le bas recherche sa nourriture dans la faune ou les détritus du fond.

Une gueule ouverte vers le haut indique un prédateur atteignant ses proies par dessous. Les poissons qui fouillent la vase ont souvent un museau extensible en une sorte de trompe aspiratrice, qui se développe comme un soufflet d’appareil photographique.

La gueule des cyprinidés ne porte pas de dents, celle des poissons rapaces peut en être tapissée, comme une machine à carder la laine.

Dans ce cas, les dents ne sont pas implantées seulement sur les mâchoires, mais aussi sur les os du palais et même sur la langue.

Les dents ne servent jamais qu’à retenir les proies qui sont toujours avalées entières. Pourtant, les cyprinidés, qui n’ont justement pas de dents véritables, peuvent déchirer leurs proies en les avalant, grâce à un appareil triturateur qu’ils ont au fond du gosier, appareil formé des os pharyngiens armés des dents pharyngiennes.

appareil triturateur

Le tube digestif

Le tube digestif et ses annexes sont concentrés dans la cavité abdominale, sous la vessie natatoire, qu’on reconnaît facilement à son aspect argenté.

En dehors de l’époque de reproduction, il occupe presque toute la place disponible et il faut le dégager, de préférence dans l’eau où les organes Aotteront, pour en reconnaître les parties.

Immédiatement en arrière des branchies, le tube débute par l’oesophage qui s’évase en un estomac coudé.

A la sortie de l’estomac, on repérera le plus souvent des appendices plus ou moins nombreux, les coecums pyloriques. L’intestin est replié en longueur et débouche à l’anus toujours situé en avant de la nageoire anale.

Le foie est volumineux et coiffé pour ainsi dire l’estomac et les replis antérieurs de l’intestin. C’est un accumulateur de graisse et de sucre: il sécrète la bile qui s’accumule dans la vésicule biliaire.

Le pancréas est diffus, accolé au foie ou le long du tube digestif, il sécrète les ferments contenus dans le suc pancréatique. On sait qu’il déverse aussi dans le sang une hormone, l’insuline, dont l’absence provoque des désordres qui constituent le diabète.

La digestion des poissons est analogue à la nôtre. On notera cependant une différence sensible.

Leurs ferments digestifs agissent à des températures où les nôtres seraient inactivés. Tout au plus sont-ils ralentis par le froid chez les espèces qui vivent en eau tiède et dont la digestion est fortement entravée en hiver.

Signalons à titre de curiosité que les cyprinidés n’ont pas de véritable estomac, en particulier leur tube digestif ne sécrète pas de pepsine, le ferment gastrique typique. Ces poissons n’ont qu’un faux estomac!

Les aliments sont digérés selon l’espèce. Dans la nature, un carnivore avalant de grosses proies mettra parfois plusieurs jours à digérer mais en captivité, seulement quelques heures.

La bouche du poisson ne sert qu’à avaler les proies. Le poisson ne possède pas de glandes salivaires. Chez les poissons carnivores, l’intestin est grand et extensible.

Mais chez les omnivores et les herbivores, il est beaucoup plus petit. Les herbivores ont un intestin plus long que les carnivores étant donner la complexisté des fibres à digérer.

Le tube digestif

Le système excréteur:
Possède 3 parties essentielles
1- L’anus qui sert à évacuer les excréments
2- Le pore urinaire servant à la sortie de l’urine.
3- Les branchies qui évacue les substances azotées.

Dans tout être vivant, les produits de déchets du fonctionnement organique sont évacués, soit par les excréments, soit par les organes excréteurs qui sont principalement les reins et la peau.

Les reins sont des bandes de tissus rouges sombres. Les produits solubles entraînés par le sang et destinés à être évacués (ce sont des dérivés de l’urée surtout) sont filtrés au niveau des pelotes de canalicules, appelées glomérules de Malpighi, et elles passent ainsi du sang dans l’urine.

Les glomérules des reins des poissons ont aussi et surtout pour fonction de régulariser la teneur en eau des tissus.

Chez le poisson d’eau douce, l’eau pénètre constamment à travers les tissus perméables (peau, branchies etc.) par le phénomène physique de l’osmose, qui est le passage du liquide du milieu où les sels sont le moins concentrés dans celui où la concentration est la plus forte.

Cet apport d’eau constant est compensé par une extraction équivalente au niveau des reins. Le corps du poisson et les reins sont donc traversés par une sorte de lent courant d’eau et l’urine est abondante, beaucoup plus, relativement que celle d’un mammifère.

Remarquons en passant que le sel ordinaire (chlorure de sodium) indispensable à l’organisme, peut pénétrer au niveau des branchies aussi bien qu’avec les aliments.

Inversement, les poissons de mer plongés dans une eau beaucoup plus salée que leur sang, rejettent du sel et justement par les branchies. Les poissons capables de supporter les deux milieux (on les dit euryhalins) absorbent le sel par les branchies quand ils sont en eau douce et l’excrètent par les mêmes organes, en eau salée.

Il est d’ailleurs probable que les poissons qui ne supportent pas ce passage (les sténohalins), meurent en partie par asphyxie consécutive aux désordres causés dans les tissus des branchies, tout autant que par leur incapacité physiologique de régler leur hydratation dans le milieu inaccoutumé.

Nous avons dit que la peau est aussi un organe excréteur. Les poissons ne transpirent pas, ils n’ont pas de glandes sudoripares. Mais l’excrétion peut se produire aussi sous forme de substances insolubles ou de cristaux, qui sont déposés et mis ainsi hors circuit, si on peut dire.

Si surprenant que cela paraisse, les couleurs des poissons et spécialement leur aspect argenté, résultent en partie du dépôt à la périphérie de telles substances dans des cellules appelées chromatophores. Ces cellules ne sont pas de vulgaires dépotoirs.

Par un phénomène comparable à l’utilisation des restes ou des sous-produits dans l’industrie, ces déchets colorés qui sont des pigments, acquièrent des fonctions importantes.

Les cristaux de guanine, par exemple, qui chargent certaines cellules et donnent aux poissons leur argenture, sont surtout abondants chez les espèces pélagiques et sont en rapport avec l’éclairage des couches superficielles de l’eau.

Ils forment dans la peau des écrans protecteurs dans certains cas, ou font office de miroirs réfléchissants. Un autre pigment, la mélanine, qui est foncée, ou même noire, forme des écrans, absorbant peut-être les radiations utiles.

Les pigments colorés disposés en bandes ou en taches peuvent jouer un rôle analogue au camouflage. Les chromatophores bruns, jaunes ou rouges, sont des cellules en rapport avec des filets nerveux qui déclenchent l’étalement ou la condensation des pigments. Le poisson, selon les conditions, change ainsi de ton en quelques instants.

Les couleurs des poissons dépendent aussi de la sécrétion d’hormones qui, conjointement avec le système nerveux, provoquent l’étalement ou la condensation des pigments dans les chromatophores.

C’est pourquoi, au moment de la reproduction, certains mâles surtout, mais aussi les femelles dans certaines espèces, présentent de si somptueuses « parures nuptiales ». On déclenche des parures passagères, au laboratoire, en injectant des hormones sexuelles ou même certains produits chimiques à des poissons au repos.

A propos des couleurs chatoyantes des poissons, rappelons qu’ils ne possèdent pas de pigments bleus, ni de verts, ni violets.

Leurs teintes bleues résultent de la dispersion des rayons lumineux dans l’épiderme : sur un fond de mélanine noir, l’effet produit peut être un bleu intense ou un violet. Le vert, couleur si fréquente, résulte de la combinaison de ce bleu avec le pigment des chromatophores jaunes.

Les irisations sont causées par le jeu des rayons lumineux sur les cristaux de guanine. C’est un phénomène physique identique à celui des irisations d’une bulle de savon ou d’une tache d’huile répandue sur une route mouillée.

La recherche de la nourriture

Les modalités de cette recherche sont très variables et les observations faites sur une espèce donnée ne sont pas directement valables pour une autre espèce, même voisine. On pourrait même signaler des écarts entre des races.

On nourrit facilement les truites arc-en-ciel avec des aliments artificiels; l’élevage des truites fario est considérablement plus malaisé. Un brochet ne chasse pas comme une anguille. Le premier chasse à vue, la seconde à l’odorat.

Le brochet s’élance sur un vif ou sur un leurre mobile. Aveuglé, il se précipite encore sur une proie qui se déplace, mais il est incapable de s’en saisir tant qu’elle reste immobile Son attaque peut encore être déclenchée si on agite un appât près de lui; donc, il peut être guidé par les ébranlements de l’eau, mais aveugle, il mourra de faim à côté d’une abondance de proies inertes.

L’anguille aveuglée, au contraire, découvre sans peine un appât immobile, parce que, comme un chien, elle chasse surtout à l’odorat. C’est en général l’odorat et le goût qui guident principalement les poissons de fond.

La plupart des alevins en eau calme en tout cas, se nourrissent de plancton, même si plus tard ils deviennent des rapaces. Mais tous les individus d’une même espèce qui ont subi les mêmes influences, se comportent sensiblement de la même façon.

La voracité des poissons

C’est presque un mythe, c’est en tout cas une exagération.

Un animal a besoin de nourriture pour :

  • subsister.
  • conserver sa chaleur.
  • augmenter de taille.
  • mûrir ses organes reproducteurs.

De ces termes, le deuxième est quasi nul chez les poissons qui conservent sensiblement la température du milieu et le quatrième, qui est saisonnier, ne semble pas important.

Au contraire du poisson, un animal à sang chaud, un oiseau surtout dont la température reste voisine de 40 degrés, « brûle » beaucoup de combustible pour maintenir cette chaleur.

Il faut donc logiquement s’attendre à ce que la ration alimentaire d’un poisson soit relativement faible : il n’y a guère de raison qu’il soit vorace. La ration quotidienne pour un homme normal représente 0,7 à 0,8% de son poids. On a calculé qu’elle n’est que de 4,5% en été, chez des carpes à l’engrais.

Un tel résultat est bien conforme à ce qu’on pouvait supposer, sachant que les besoins d’énergie des animaux sont inversement proportionnel à leur taille, et que la croissance des carpes d’élevage est fort accélérée.

Pour un brocheton d’une année, la ration quotidienne s’est élevée à 3 ou 5 % quand la nourriture était du poisson blanc, à 11 ou 12% avec des gammares comme aliments. Douze pour cent pour un brocheton en pleine croissance, nous voilà bien loin du brochet qui mange son propre poids par jour.

Pourtant, les recherches expérimentales ont établi la réelle voracité des alevins, dont les rations sont de l’ordre de 10 à12 %. L’appétit des poissons dépend assez étroitement de la température de l’eau et augmente avec elle jusqu’à un certain point.

A 18 degrés l’appétit des truites atteint un maximum, leur ration à ce moment peut représenter 10 %, leur croissance est alors remarquable.

Dans la nature, les poissons trouvent toujours dans leur nourriture les vitamines dont ils ont besoin.

En pisciculture, avec l’alimentation artificielle, il importe de leur assurer un apport de ces substances indispensables. On voit encore fréquemment des élevages qui périclitent, tout au moins qui végètent, faute de cette précaution.

Les sens d’un poisson

L’odorat est sans doute plus développé que la vue. Presque tous les poissons possèdent une ou deux paires de narines.

A l’intérieur se trouvent de multiples petites cavités recouvertes d’une membrane extrêmement sensible. Les narines ne communiquent pas avec la bouche et ne servent pas à la respiration.

Les yeux sont placés latéralement et ne possèdent pas de paupières. Des expériences prouveraient que les poissons ont une mauvaise vision de loin.

Le regard fixe des poissons vient du fait que leur pupille ne peut pas se contracter. Cependant, cette fixité leur permet d’avoir un large champ de vision.

La vue d’un poisson

L’oeil du poisson n'a pas de paupière.

On a longtemps prétendu que les poissons étaient sourds, on a admis qu’ils étaient aveugles aux couleurs, on leur a attribué un sens chimique spécial, remplaçant ou combinant le goût et l’odorat, on a imaginé les fonctions les plus diverses et les plus fantaisistes pour la ligne latérale.

C’est dire l’importance des études scientifiques de laboratoire, lorsqu’il s’agit de départager les opinions divergentes et souvent contradictoires des observateurs. Sans ces expériences, on discuterait encore à perte de vue, même chez les spécialistes…

La vue

Comme chez les mammifères, on observe des espèces dont la vue est excellente et d’autres qui sont pratiquement aveugles.

Quand même on aurait établi que l’œil de l’anguille est très déficient et qu’elle voit fort mal, on n’aurait pas le droit, pour autant, de contester que la truite soit capable de discerner les infimes détails de structure ou de couleur qui différencient une mouche sèche d’une autre.

L’oeil

L’œil du poisson fonctionnant dans l’eau, c’est dans l’eau qu’il faut étudier ses qualités optiques. Sa lentille, le cristallin, est pratiquement sphérique et concentre les rayons visuels au maximum.

Les images des objets se forment donc en avant de la rétine, le poisson est myope. Ce cristallin n’est pas déformable comme le nôtre, l’accommodation se fait exactement comme dans un appareil de photographie où la mise au point résulte du déplacement de l’objectif.

L’oeil du poisson

Les images sont au point pour des objets très rapprochés, puisque l’œil est myope, mais l’accommodation permet la vue à distance.

Le cristallin pour cela est tiré en arrière et rapproché de la rétine par un muscle spécial, le muscle lenticulaire, Quand ce muscle se relâche, la lentille revient en avant sous l’action de son ligament suspenseur.

La rétine comprend des cônes et des bâtonnets, les premiers sensibles aux couleurs, les seconds à la quantité de lumière.

Sa structure est moins fine que celle de notre rétine, on pourrait la comparer à du film ordinaire, tandis que nous disposerions de film à grain fin. La figure 10 donne une idée schématique des modifications des cellules rétiniennes selon la quantité de lumière qui les atteint.

Si la lumière est abondante, les cellules noires (P) s’allongent, les bâtonnets s’enfoncent en profondeur, les cônes restent à la surface.

Dans la pénombre, les cellules noires se rétractent, les bâtonnets viennent en avant, les cônes se retirent en profondeur. Dans cette dernière situation, les bâtonnets sont disposés au mieux pour recevoir toute la lumière disponible.

L’oeil du poisson

La vision des couleurs par les poissons est maintenant un fait bien établi. Les travaux de laboratoire ont confirmé que certains poissons, en tout cas, sont particulièrement sensibles aux radiations rouges ou orangées.

Dans la lumière atténuée, la vision des couleurs diminue rapidement et en expérience les poissons ne discernent plus le rouge, par exemple, des diverses teintes de gris. On sait que la pénétration des diverses radiations dans l’eau est très différente.

Le rouge est absorbé le premier, c’est le violet qui pénètre le plus profondément. Cette pénétration des rayons varie considérable- ment, elle est très faible dans les eaux troubles ou chargées d’un abondant plancton.

On sait que les rayons lumineux obliques sont réfractés au passage de l’air dans l’eau, et que les objets immergés ne sont pas exactement où on les voit de la rive, mais plus près qu’il ne semble et plus aplatis qu’en réalité.

Passé une certaine obliquité, les rayons sont même réfléchis par la surface comme par un miroir et les objets dans l’eau deviennent invisibles.

Inversement, et pour la même raison, les objets sur la rive apparaissent au poisson aplatis, écrasés, déformés. A mesure que le poisson s’enfonce, une plus grande partie de ces objets lui deviennent invisibles.

Pour un être aquatique, à une certaine profondeur, l’obscurité peut être complète alors que le soleil brille encore à l’horizon, parce que les rayons trop obliques ne pénètrent plus dans l’eau.

Il convient peut-être d’observer encore que la plupart des poissons d’eau douce ont les yeux très latéraux et que leur champ de vision binoculaire est faible ; or, c’est par vision binoculaire que nous apprécions vraiment bien les profondeurs et que les objets s’individualisent.

En revanche, les poissons voient tout autour d’eux, leur angle de vue approchant du cercle complet, puisqu’il atteint au moins 300 degrés.

S’accroupir sur la rive pour demeurer invisible est une bonne tactique, mais celui qui croirait surprendre un poisson en approchant par derrière se tromperait grossièrement.

angle de vue

L’audition d’un poisson

Entendre, c’est éprouver les impressions (les sons et les bruits) qui résultent de l’ébranlement de l’air, de l’eau ou d’une matière solide.

Pour entendre dans l’eau une parole prononcée dans l’air, il faudrait que l’agitation minime de l’air se transmette à la masse liquide, ce qui ne se produit qu’à peine.

Au contraire, le bruit produit par les sabots sur le fond d’un bateau, ou même celui des pas sur une berge, se communique facilement à l’eau.

Pour juger de l’ouïe des poissons, il importe donc de s’assurer que les ondes sonores parcourent réellement le liquide où ils baignent.

Moyennant cette précaution, il est facile de prouver que les poissons entendent, et même fort bien, et réagissent avec une grande vivacité, d’autant plus que les sons circulent dans l’eau trois fois plus vite que dans l’air.

Les expériences de divers auteurs ont montré des différences sensibles, selon les espèces, et même des écarts notables entre les individus – d’une même espèce.

Les cyprinidés sont particulièrement doués: ils entendent les vibrations correspondant aux sons musicaux ordinaires d’un orchestre (de 16 à 5000 vibrations environ) et distinguent les écarts d’un ton ou même d’un demi ton, ce qui est remarquable.

oreilles internes

Les poissons n’ont que des oreilles internes. La figure 11 montre l’aspect d’un de ces organes. Leur oreille comprend deux parties.

En haut sur la figure, la partie triangulaire qui porte trois tubulures, représente l’utricule et ses trois canaux semi-circulaires. C’est l’organe essentiel de l’équilibre.

En bas sur la figure, l’appendice inférieur ovale représente le véritable centre de l’audition, c’est le saccule, avec à droite la lagena, comme une sorte de petit bourgeon.

Ce bourgeon répond à ce que nous appelons le colimaçon dans notre propre oreille. L’appareil auditif est donc rudimentaire comparé au nôtre, aussi les poissons n’ont-ils pas la finesse de notre ouïe, notre capacité remarquable de discerner d’infimes écarts de tons et, surtout, de situer dans l’espace les bruits perçus.

En revanche, leur organe équilibreur avec ses canaux semi-circulaires, atteint des dimensions relativement considérables.

C’est de cet organe que partent les influx nerveux qui règlent automatiquement les mouvements nécessaires à l’équilibre. Commandes nerveuses d’une précision et d’une rapidité remarquables, si l’on songe à l’instabilité d’un courant violent ou d’un remous.

Le sens de la pression

Nous sommes incapables d’imaginer en quoi consiste ces sensations, pour la même raison qu’un aveugle-né ne peut pas se représenter les couleurs.

Certes, nous ressentons l’augmentation de la pression de l’eau en descendant en profondeur et surtout, nous éprouvons des bourdonnements d’oreilles et des malaises en remontant trop vite, mais alors ce sont déjà des troubles fonctionnels.

Les poissons, au contraire, sont pourvus d’appareils qui enregistrent les variations de pression. Ce sont la vessie natatoire et chez les cyprinidés, chez les loches et quelques autres, l’appareil de Weber.

La vessie natatoire des poissons est un stabilisateur hydrostatique, comparable au ballon qu’un aéronaute gonfle pour une ascension et dégonfle pour redescendre.

Chez les physoclistes, la vessie est close et le gaz qui la remplit est sécrété par une glande spéciale, la glande gazeuse.

Quand l’air de la vessie est en excès, il peut être résorbé par un autre organe, l’oval, où cet air se dissout dans le sang. Glande gazeuse et oval sont faciles à observer chez la perche, par exemple.

Chez les poissons physostomes, la vessie communique avec l’oesophage par un mince canal pneumatique.

Au besoin, un poisson de ce groupe peut venir à la surface gober de l’air et en tout cas, si la pression de la vessie est excessive, il peut rejeter l’excès de gaz sous forme de bulles, par la bouche, ce qui a pour résultat de l’alourdir et de lui permettre de s’enfoncer.

Mais la vessie n’est pas seulement un stabilisateur, c’est aussi un organe récepteur sensible à In pression. C’est du moins le cas chez les poissons qui possèdent les osselets de Weber.

L’appareil de Weber est constitué par une chaîne de petits os, par laquelle la vessie communique avec l’oreille interne. L’analogie entre ces osselets et ceux de notre oreille moyenne est frappante et malgré leur origine toute différente, on leur a donné les mêmes noms.

Les cyprinidés, les siluridés, qui possèdent cet appareil ont l’ouïe particulièrement fine. Peut- être la vessie fonctionne-t-elle comme organe de résonance? En tout cas, par ce dispositif, la vessie transmet à l’oreille les variations de pression.

Les loches ont aussi des osselets, mais leur vessie natatoire est très particulière. Elles sont réputées pour avoir un sens très délicat des variations de la pression atmosphérique, elles se tiennent en effet à des niveaux différents selon les fluctuations du baromètre, se rapprochant de la surface quand la pression baisse. Elles doivent certainement cette sensibilité à la constitution spéciale de leur vessie.

Le sens de la pression

Le sens vibratoire

Encore des sensations dont nous ne pouvons pas plus imaginer la nature que celles fournies par la ligne latérale. Le système de la ligne latérale est une spécialité des poissons.

Seules, parmi les vertébrés, les larves de batraciens le possèdent aussi. C’est un appareil d’animal aquatique. Il s’agit d’un système de canaux, dont le plus évident est celui qui court le long des flancs et qui s’ouvre par une série de pores creusés dans les écailles.

C’est la rangée de ces orifices qui constitue de chaque côté du corps, la ligne latérale. Le canal latéral se prolonge dans la tête par un petit nombre de canaux, en particulier le long des mâchoires et au-dessus des yeux.

On peut facilement observer à la loupe les pores correspondant à ces canaux céphaliques. Tout le long des canaux, des cellules sensibles sont groupées en bourgeons sensoriels. Elles sont innervées par des rameaux du nerf latéral et, pour celles de la tête, du nerf facial.

La ligne latérale renseigne les centres nerveux sur la position du corps dans le milieu et par rapport aux obstacles situés à une certaine distance.

C’est aussi grâce surtout à ce système que le poisson ressent les mouvements de l’eau, les courants, les vaguelettes, les ébranlements. C’est en quelque sorte un sens intermédiaire entre le toucher et l’ouïe; on l’a comparé à un toucher à distance.

Chez les poissons sans écailles, les organes sensibles de la ligne latérale peuvent être à fleur de peau et, par conséquent, en contact direct avec l’eau. Il semble que dans ce cas, la sensibilité aux vibrations soit particulièrement fine.

La figure 13 montre l’aspect, au microscope, des cils sensibles de la ligne latérale. Sollicités par les déplacements et les vibrations de l’eau, ils s’inclinent dans le sens du courant, provoquant de ce fait une excitation du nerf.

Le sens vibratoire

Le sens du toucher

La peau nue ou couverte d’écailles n’est pas insensible, bien au contraire, mais l’analyse des sensations cutanées est difficile.

Si des terminaisons nerveuses spécialisées enregistrant des impressions de douleur existent, on ne les a pas mises en évidence. Affirmer que les poissons souffrent de leurs blessures est aussi gratuit que de prétendre le contraire.

Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’une lésion, même grave, ne provoque que des réactions défensives banales et peut ne pas couper le moins du monde l’appétit du poisson.

En revanche, il y a une analogie frappante entre les déplacements éperdus d’un poisson dans l’eau formolée par exemple, et les gestes déments d’un individu brûlé et  » fou de douleur « .

Le sens du toucher existe à coup sûr chez les poissons. Il est probablement délicat sur les parties ventrales des espèces qui se posent sur le fond.

L’odorat et le goût

Contrairement à ce qu’on prétend encore souvent, les poissons, comme nous, sont doués de ces deux sens. C’est une erreur que de parler d’un unique sens chimique. Il s’agit bien, chez eux aussi, de deux ordres de sensations, preuve en soit la différence des organes qui les reçoivent et surtout la localisation cérébrale des centres qui les enregistrent.

Le centre de l’odorat est logé dans la partie la plus antérieure du cerveau, le lobe olfactif, qui représente chez eux l’essentiel du cerveau antérieur.

Comme nous sommes mal dotés quant à l’odorat, nous avons grand-peine à imaginer en quoi consistent ces sensations quand elles sont subtiles ; en tout cas, les poissons peuvent sentir les parfums solubles dans l’eau, mais nous sommes mal renseignés sur leurs capacités dans ce domaine.

Elles varient certainement beaucoup selon les espèces, il suffit pour s’en convaincre de comparer leurs fosses nasales. Les espèces à l’odorat subtil ont des narines à double ouverture, dont un des orifices est parfois porté au sommet d’un appendice (fig. 14).

Chaque narine dans ce cas s’ouvre dans une vaste loge occupée par un organe olfactif formé de nombreuses lamelles. Les poissons à vue aiguë n’ont au contraire que des fosses nasales simples, presque sans replis.

Les prédateurs chassant à l’odorat, possède en revanche de longues narines, dont le premier orifice est près de la pointe du museau et le second proche de l’œil. Notons que les poissons ont des fosses nasales closes, sans communication avec la bouche.

Quant au goût, il est chez nous localisé dans la bouche et surtout sur la langue. Rien de tel chez les poissons qui ont des bourgeons du goût sur les lèvres, sur les barbillons, autour de la bouche, sur la tête et même, pour certains d’entre eux qui ont la peau nue, jusque près de la queue.

Nous ne pouvons goûter un aliment qu’en l’amenant à, la bouche, les poissons goûtent à distance.

La raison en est simple : les poissons baignent dans un liquide où les substances sapides peuvent diffuser et les particules émanant d’une matière en dissolution peuvent atteindre à une certaine distance les bourgeons sensoriels de l’animal.

Les sensations gustatives peuvent donc venir des alentours. Pour analyser les différences entre le goût et l’odorat, on peut expérimentalement boucher les narines ou sectionner les nerfs olfactifs.

On constate alors que les substances sapides n’attirent le poisson qu’à courte distance, les odeurs l’attirant de beaucoup plus loin. Les impressions de goût sont fort importantes chez certaines espèces, en particulier chez celles qui se nourrissent sur le fond.

La preuve en est fournie indirectement par le développement considérable, chez ces espèces, des centres gustatifs situés au niveau du bulbe rachidien.

L'odorat et le goût

Interaction des organes des sens

Les réactions des poissons aux impressions multiples émanant du milieu sont extrêmement complexes et difficiles à analyser. C’est d’ailleurs ce qui rend la pêche si attrayante, malgré l’intelligence très limitée du poisson.

Celui-ci, comme tout animal sauvage, conscient ou non, agit avec une extrême circonspection, étant toujours partagé entre des impulsions contraires.

On peut admettre que, malgré les apparences, tous ses sens sont alertés au moment où il attaque ou quand il s’enfuit.

Une truite approchant d’une mouche noyée peut être attirée par sa couleur et sa forme, et retenue par l’allure insolite de son déplacement. Nous n’avons aucune idée de certaines des sensations qui peuvent, à l’occasion, entrer en ligne de compte, de raisons inanalysables peut-être.

Les poissons goûtent souvent leurs aliments et rejettent ce qui ne leur convient pas. Ainsi, plusieurs sens interviennent conjointement ou successivement dans le choix de leur nourriture. Ces animaux ont des façons d’agir assez constantes pour chaque espèce.

Le système nerveux

Coupe schématique d'un cerveau de poisson
Coupe schématique d’un cerveau de poisson comparé à celui de l’homme. Les hémisphères cérébraux de celui-ci sont si volumineux qu’on a dessiné tout le cerveau du poisson dans la place qu’ils occuperaient.

C.A., cerveau de l’homme;
C:I. Cerveau intermédiaire;
C.M.Cerveau moyen;
C.P. Cerveau postérieur ou cervelet;
A.C. arrière-cerveau ou bulbe rachidien;
H. membrane qui, chez le poisson, correspond aux hémisphères cérébraux.

Schématiquement le système nerveux des poissons est identique au nôtre. Ils ont comme nous un cerveau, un cervelet un bulbe rachidien, une moelle épinière et des nerfs qui en dépendent. Ils ont aussi un système nerveux sympathique réglant les fonctions de la vie végétative (nutrition, circulation, etc…).

La parenté est évidente quand on compare des embryons, mais quelle dissemblance à l’état adulte ! On ne trouve trace chez les poissons, ni de nos hémisphères ni, par conséquent, de nos circonvolutions cérébrales.

Plus exactement, ces masses nerveuses, essentielles à nos actes volontaires et à l’exercice de notre intelligence sont remplacées chez eux par une mince membrane. A la place de nos volumineux hémisphères cérébraux, les poissons présentent des masses globuleuses qui sont des centres olfactifs et visuels.

C’est le cervelet chez eux qui joue le rôle de notre cerveau. Leur bulbe rachidien est relativement très développé, en partie en relation avec l’organe spécial de la ligne latérale. Les proportions des diverses parties de leur cerveau et leur importance relative sont donc très éloignées de celles du nôtre.

C’est dire que les analogies entre leurs sensations et leurs réactions, d’une part, et les nôtres, d’autre part, ne doivent être que très lointaines. L’étude de la physiologie des poissons, de leurs organes des sens, de leur psychologie, confirme par d’autres exemples l’analogie de leur constitution avec la nôtre et l’existence de profondes différences.

Les nageoires

Nageoires: Les poissons ont plusieurs sortes de nageoires. Les nageoires dorsales, pelvienne, anale, pectorale et la nageoire caudale qu’on appelle aussi queue.

La figure ci-dessous montre quelles sont les nageoires des poissons dans le cas ordinaire d’un cyprinidé, mais le nombre, la position et la forme de ces appendices varie étonnamment.

Beaucoup de poissons ont deux dorsales ou plus. La deuxième dorsale des salmonidés est un simple repli cutané non soutenu par des rayons; on l’appelle nageoire adipeuse. La nageoire caudale peut être arrondie comme chez la lotte, ou tronquée (chez la truite faro ou lobée (la plupart des poissons d’eau douce).

On qualifie d’homocerques les nageoires caudales à lobes égaux et d’hétérocerques celles dont un des lobes est nettement plus développé, comme chez l’esturgeon.

Les nageoires pectorales ont une position constante en arrière des opercules; les pelviennes au contraire sont implantées plus ou moins loin de la tête, elles manquent chez l’anguille.

Les pelviennes, dans la figure a, sont abdominales ; on les appelle thoraciques quand elles s’attachent près des pectorales, comme chez la perche ; elles sont jugulaires quand elles sont encore plus en avant comme chez la lotte. Dans ce cas, on remarquera que les nageoires dorsales et anales sont fort allongées.

D’ailleurs, la proportion, la position, la forme des nageoires d’un poisson donné sont en rapport avec la forme de son corps et il y a nécessairement une étroite corrélation entre ces particularités et la manière de nager de l’animal. L’équilibre parfait du poisson, en toutes circonstances, dépend étroitement des effets compensateurs de ces différents organes.

Rappelons que les nageoires sont des membranes fort délicates, soutenues par des rayons de deux sortes : les rayons épineux qui sont rigides et souvent acérés comme des aiguillons, et les rayons articulés, plus souples et généralement rameux à leur extrémité libre.

Les caractères des rayons entrent pour une bonne part dans la classification des poissons.

 

1- rayons épineux
2- nageoire dorsale
3- rayons mous fourchus
4- nageoire adipeuse
5- nageoire pectorale
6- nageoire ventrale (pelvienne)
7- rayons épineux
8- rayons épineux, nageoire anale
9- nageoire caudale

La nage

Les différents types de nage.

Nous venons de dire que la nage dépend de la forme du corps et de la position des nageoires.

La nage sur place

La plupart des poissons, étourdis, viennent flotter à la surface, le ventre en l’air. C’est leur façon de tomber, dit à Gide. Certains font exception.

En général, leur densité est voisine de celle de l’eau, un peu plus faible quand ils flottent. Cela signifie qu’ils sont comme libérés de leur propre poids, au moins quand ils se tiennent à une profondeur constante. C’est ce qui leur donne tant d’aisance dans leurs mouvements.

Leur renversement le ventre en l’air est dû à la position de leur vessie natatoire dans la cavité abdominale. Cette chambre à air située sous la musculature du dos allège la moitié ventrale du corps.

Observez un poisson dans un aquarium ou dans un vivier. S’il ne repose pas sur le fond, il a besoin pour se maintenir sur place, d’agiter sans cesse, quoique avec lenteur, ses nageoires.

La caudale ondoie à peine, les pectorales surtout se meuvent avec une élégante souplesse ; manifestement, elles assurent la stabilité.

Mais on constate, en outre, que la gueule du poisson se dilate rythmiquement, tandis que les opercules s’écartent et se rabattent presque sans arrêt: c’est un mouvement respiratoire, il provoque l’entrée par la bouche de l’eau qui ressort par les ouïes Par réaction au courant ainsi produit d’avant en arrière, le poisson tend, si peu que ce soit, à avancer.

C’est pour compenser cette tendance que les nageoires ondulent constamment, en battant à l’envers, remarquons-le.

Ainsi les mouvements des nageoires contribuent à la fois à maintenir un équilibre instable et à retenir le poisson sur place. Ce sont les nageoires paires surtout qui sont des stabilisateurs.

Ces mouvements paraissent assez simples et en tout cas aisés, ils sont pourtant le résultat d’un système régulateur complexe où interviennent, en particulier, les organes équilibreurs de l’oreille interne, le sens du courant, celui de la pression, la vue.

Un poisson malade au légèrement étourdi vacille et chavire, même en eau calme il devient une épave en eau agitée. C’est dire la subtilité de ce maintien de l’équilibre.

La nage ondulante

Les poissons allongés et serpentiformes, comme l’anguille, se meuvent par ondulations Ce mouvement résulte du déplacement de l’avant à l’arrière du corps des ondes de contractions latérales.

Le brochet en croisière se déplace aussi de cette façon. La nage ondulante est une sorte de nage continue.

La nage continue

S’il s’agit d’avancer bon train ou de lutter contre un courant permanent, le poisson ne se sert plus qu’accessoirement de ses nageoires paires.

Il se déplace ou se maintient à la godille. Un examen détaillé de ce mouvement montre que le museau oscille à gauche et à droite de la direction suivie, tandis que la queue, en fouettant, exerce des poussées rapides, alternativement dans un sens et dans l’autre.

C’est la nage normale des poissons moyennement rapides. La position de la vessie natatoire, qui paraissait insolite au premier abord, est donc celle qu’il faut justement pour que le poisson avançant rapidement, glisse sans effort et sans risquer de culbuter.

La nage filée

Les poissons prédateurs, comme le brochet ou la truite se tiennent volontiers à l’affût et peuvent foncer brusquement sur les proies arrivant à leur portée.

Leur vivacité est d’ailleurs fonction des circonstances et il leur arrive souvent de se déplacer avec une majestueuse lenteur.

Souvent aussi, ils avancent posément à une vitesse de croisière et ne se lancent violemment en avant qu’au moment voulu.

Ces pointes de vitesse donnent lieu à une nage particulière : quelques battements de la queue en coups de fouet suivis d’une glissade extrêmement rapide. Dans ce type de nage forcée, les poissons appliquent leurs nageoires au corps.

Leur forme fuselée n’offre plus alors aucune aspérité qui risque de les freiner: ils acquièrent à ce moment une forme  » hydrodynamique  » parfaite.

Les thons, qui comptent parmi les poissons osseux les plus rapides, escamotent même intégralement leurs nageoires dans des loges et des fentes creusées dans le corps. Ils atteignent ainsi des vitesses de l’ordre de 20 km à l’heure en tout cas (6 mètres à la seconde).

Nos poissons d’eau douce peuvent faire 2 à 3 mètres à la seconde, la truite 4 mètres, le saumon 5 mètres.

Les vitesses atteintes dépendent grandement de la taille; c’est surtout pour cette raison qu’un grand requin atteint environ 10 mètres à la seconde; c’est aussi pourquoi les phoques et les marsouins sont plus rapides que les poissons qu’ils pourchassent.

Le saut. – Un poisson lancé dans l’eau rencontre une résistance considérable et s’il vient en surface, il peut être comme projeté brusquement en l’air; il saute donc, mais retombe bientôt, entraîné par son poids. Une truite arrive à passer un barrage d’un mètre de haut, c’est un maximum.

Un très grand saumon saute 3 mètres, c’est une performance rare. Si on veut favoriser le passage d’un barrage par les poissons, il faut, installer des gradins, des bassins en paliers successifs. Ces installations sont des échelles à poissons.

La peau et les écailles

La peau est une couche de tissus protecteurs (de tégument) contre les multiples influences du milieu extérieur. Chez nous, c’est aussi un organe excréteur de sueur.

Les poissons ne transpirent pas, mais leur peau sécrète un abondant mucus, enduit visqueux,  » glu « , qui contribue à favoriser leur glissement dans l’eau et qui constitue un préservatif, en particulier contre les infections et les parasites.

Il suffit d’observer le développement de la  » mousse « , sur le corps des poissons affaiblis ou trop manipulés, pour s’en convaincre. On voit parfois des places attaquées par le champignon correspondre exactement à la marque des doigts qui ont saisi et serré l’animal.

L’intégrité de cette enveloppe muqueuse est également essentielle à la régulation aqueuse du corps. On sait, par exemple, que l’anguille prise en eau douce supporte bien l’eau de mer, mais qu’essuyée pour enlever la couche de mucus, elle meurt rapidement par l’effet de la salure.

La plupart des poissons sont couverts d’une carapace souple, formée de plaques minces imbriquées comme les tuiles d’un toit.

Le plus souvent ces écailles sont lisses, ce sont des écailles cycloïdes, parfois elles sont plus ou moins couvertes d’aspérités fines qui les rendent rugueuses, ce sont alors des écailles cténoïdes, celles des perches, par exemple. L’esturgeon porte des plaques spéciales couvertes d’émail, qui ont la consistance des dents, ce sont des écailles ganoïdes.

Le nombre et la disposition des écailles sont sensiblement constants dans une espèce donnée. Ces caractères sont souvent employés dans la détermination. On compte par exemple les écailles le long de la ligne médiane des flancs.

Comme ces écailles sont d’habitude perforées, formant ensemble la ligne latérale, elles sont faciles à reconnaître. Pour dénombrer les rangées au-dessus et au-dessous de cette ligne, il est préférable de compter en suivant une oblique.

Les écailles sont des formations de la peau l’épiderme les recouvre. Leur intégrité est importante pour la santé du poisson. Quand elles sont accidentellement arrachées, elles se reconstituent si le poisson guérit.

Le nombre des écailles ne varie guère au cours de l’existence, elles s’accroissent au fur et à mesure que le poisson grandit, puisque l’écaillure garde son aspect.

Cet accroissement est saisonnier et fort ralenti en hiver. On l’observe aisément à la loupe sous farme de stries concentriques, nettement plus serrées quand elles se forment pendant la mauvaise saison.

Une écaille se présente ainsi comme la coupe d’un tronc avec des anneaux d’accroissement annuels, chaque anneau correspondant à une année. L’évaluation de l’âge d’un poisson par ce genre d’examen s’appelle la scalimétrie.

La technique exige une grande habitude, les causes d’erreurs étant multiples; c’est pourquoi on parle de la  » lecture  » des écailles.

Par exemple, une maladie, une blessure assez grave, en diminuant la vitalité de l’individu, ont pu arrêter sa croissance normale et il peut en résulter un anneau de plus. Ou bien le boril des écailles a cté entamé par les frottements.

La reproduction

Parmi les actes complexes où il semble à première impression que l’intelligence des poissons se manifeste avec le plus d’éclat, on peut citer les parades nuptiales de certaines espèces, les particularités de la ponte, la construction de nids et la ptotection de la progéniture, dans quelques cas.

Mais les jeux sexuels, quand ils sont dépouillés de toute littérature et de la fantaisie imaginative qui masquent la signification des faits, apparaissent comme des activités instinctives, Ce sont d’admirables mécanismes, naturellement adaptés à la conservation et à la survivance de la race. Ces activités sont décrites à propos de chaque espèce.

Les organes reproducteurs:
Seuls les poissons vivipares ont un organe d’accouplement appelé: gonopode. Tous les autres poissons ont des organes génitaux. Les organes génitaux des poissons se présentent comme des bandes de tissus au fond de la cavité abdominale, rubans blanchâtres chez le mâle, masse allongée, granuleuse, jaune ou orangée chez la femelle.

Ces organes ont un développement saisonnier. Ils passent, après la ponte, par un stade de régression puis de repos, et ne se reconstituent que peu à peu au cours de la saison.

A l’approche de l’époque de la maturation, les ovaires s’accroissent au point d’occuper une partie considérable de la cavité abdominale. A la fraie, leur poids atteint parfois jusqu’au tiers du poids de l’animal.

Conclusion Remerciement ect …

Il y aurait encore beaucoup de chose encore à dire et à développer mais c’est déjà assé long je pense. 🙂

Je tiens à remercier le milieu de la pêche car sans leurs connaissances profondes des animaux, je n’aurais pas su en venir à bout (bien que je pense encore devoir malgré tout rajouter et corriger certains points).

Toutes remarques ou suggestions pouvant servir à la correction ou l’amélioration de cet article sur ce vaste sujet sont les bien venues.

PS : Je tiens à faire remarquer qu’aux sujet des illustrations, j’en ai retouchée pas mal qui me semblais inappropriées ou illisible. En l’absence de copyright et n’ayant, pour la plupart aucune possibilité de contacter ceux qui ont afficher certaines de ses illustrations sur le Web, d’autre part n’en tirant aucun profits moi-même, j’assume l’entière responsabilité éventuellement dommageable quand à l’affichage de certaines illustrations apparescent dans cet article.

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